Cette œuvre est une tentative de s’approcher de la pensée de Mikiyo Kanō (1940–2019), survivante d’Hiroshima et pionnière de l’histoire des femmes au Japon, à travers ses effets personnels. Kanō a exploré l’histoire des femmes pendant la guerre, élargi son engagement à l’anti-impérialisme, à la décolonisation et au mouvement anti-nucléaire, « pour chercher la direction de notre libération, sans écraser autrui ni d’autres peuples ». Parmi ses effets personnels se trouvent de nombreux foulards — des fragments de tissu qui ont touché la peau, suivi le mouvement, et absorbé silencieusement le souffle du quotidien. Je les ai exposés à la lumière selon la technique du tirage lumen, fixant ainsi leurs traces dans le temps. L’image qui en émerge oscille, silencieuse comme le soleil levant et vacillante comme la flamme, offrant un indice pour réfléchir à la direction de la libération que Kanō a indiquée.

Le 18 mai 2022, les registres des victimes du bombardement atomique de Nagasaki ont été exposés à l'air libre pour en éliminer l’humidité. À 11h02, heure du bombardement, après une minute de silence, dix employés de la ville ont tourné une par une les pages des 194 ouvrages étalés sur un tissu blanc.